Headshot of Dr. Lawrence Yang

Le pouvoir de fixer des limites

Témoignage du Dr Yang sur prendre soin de soi
Dr Lawrence Yang
Médecin

J'étais un candidat idéal pour la médecine familiale. J'avais eu d'excellentes notes au secondaire, je m'en sortais bien à la faculté et j'avais excellé au MCAT. Les études de médecine me semblaient faciles. Je faisais preuve de compassion envers les autres et j'étais d'un naturel généreux, toujours présent pour mes patients. Durant ma résidence en médecine à Brooklyn, dans l'État de New York, j’ai repoussé les limites de mon corps et privilégié mon intellect.

Durant ma troisième année de pratique de la médecine familiale à temps plein, en suivant mes propres patients de la clinique à l'hôpital Surrey Memorial, j’ai atteint un état d’épuisement total qui s’est manifesté par des douleurs physiques sous forme d'arthrite inflammatoire, d'enthésite et de dactylite. Mon corps réclamait l'attention et le repos dont je l'avais privé pendant près d'une décennie de formation et de travail. Les membres de mon équipe de soins infirmiers me faisaient remarquer à quel point « j’habilitais » mes patients au détriment de ma propre santé, mais je refusais de reconnaître la sagesse de leurs paroles.

« Durant ma troisième année de pratique de la médecine familiale à temps plein[...] j’ai atteint un état d’épuisement. »

J'avais beau connaître l'importance du repos et d'une alimentation saine pour la santé - c'est d'ailleurs ce que je prêchais à mes patients -, en mon for intérieur, je crois que je ne pensais pas mériter de bons soins. Je pense qu'une grande partie de ma nature « généreuse » était motivée par un profond désir d'être apprécié par ceux que j'aidais et d'être utile. J'essayais de satisfaire mon désir d'être utile en me surmenant pour servir les autres. J'avais le sentiment pervers que je devais sauver certains de mes patients, que si je n'étais pas là pour eux, ils allaient en quelque sorte périr. J’avais grand besoin de travailler sur mon estime de moi.

Mon corps m'a forcé à ralentir la cadence. Un médecin de famille bienveillant, le Dr Singh, et un rhumatologue attentionné, le Dr Khayambashi, m'ont offert des espaces de réflexion sûrs. Alors que je commençais à prendre des médicaments bio et que je me déplaçais en boitant d'une salle d'examen à l'autre dans ma clinique et que j’utilisais un déambulateur quand j’étais chez moi en compagnie de mes enfants, j'ai pris le temps de réfléchir à la façon dont je m'étais retrouvé dans une situation où, à peine âgé de 40 ans, j'étais déjà presque handicapé. J’avais surestimé mes limites d'énergie. J'avais choisi de prendre la responsabilité des souffrances des autres et choisi d'être responsable du bien-être financier et social de mes patients. J'ai essayé de faire tout cela seul, en martyr idiot d'une cause invisible. J'ai compris que si je voulais être un meilleur médecin, je devais m'efforcer de me fixer des limites plus raisonnables.

J'ai réalisé que pour assurer la viabilité de ma pratique médicale, je devais demander de l'aide. Je devais commencer à faire confiance à mes assistants pour m'aider dans les tâches les plus complexes. Je devais demander à mes collègues de me remplacer. Je devais en apprendre davantage sur la gestion d'équipe. J'avais besoin d'en savoir plus sur la science du travail d'équipe. Je devais fixer des temps de pause précis durant mes journées de travail et prévoir la préparation des repas et la pratique régulière d'exercices.

J'ai fait appel à la formatrice Nathalie Martinek, que je considère comme une spécialiste de l'épuisement professionnel. L'un des principes du coaching est que les gens sont capables de croissance, de changement et d'amélioration bien plus que nous ne pouvons l'imaginer. J'ai appris que si, en tant qu'aidants bien intentionnés, nous allons trop loin, nous pouvons ralentir le parcours de l'autre dans sa découverte de soi.

En apprenant à faire confiance aux membres de mon équipe, à mes collègues et à mes patients, j'ai lentement compris que ma valeur personnelle n'était pas liée à mon degré d'abnégation pour aider les autres. J'ai appris à croire que cette valeur est immuable, inchangeable et intrinsèque. Aujourd'hui, dans ma 18e année en tant que médecin, je n'ai plus de douleur depuis plus de 6 ans. J'aime m'entraîner et exceller en jiujitsu brésilien et apporter aux autres une aide durable en tant que pair mentor et médecin de famille.

Info sur le témoignage
Prendre soin de soi
Ressources connexes
Témoignages similaires
À venir!
Partager ce témoignage
Partagez votre témoignage avec le milieu de la médecine universitaire.

Avez-vous envie de partager une expérience qui vous a marqué d'une manière significative, de remercier quelqu'un que vous appréciez ou de raconter votre histoire? Nous serions ravis de vous entendre! C'est votre espace pour partager ce que vous voulez.

Lire d'autres témoignages

Un véritable changement demande du temps et des efforts, mais chaque jour, nous sommes témoins d'interactions qui façonnent la culture de la médecine universitaire. Voici d'autres témoignages d'autres personnes qui se sont manifestées.

Soft light purple gradient
Headshot of Elke Hutton
L'empathie et la compassion m'ont sauvé la vie
Compassion
Elke Hutton
Lorsque j'habitais à Richmond, en Colombie-Britannique, j'étais à la recherche d'un nouveau médecin généraliste, après que l'ancien m'ait dit qu'il n'était pas ma mère quand je suis venue le voir pour avoir l'assurance que j'irais bien pendant une intervention non urgente.
Soft light red gradient
Headshot of Dr. Cheryl Holmes
L'importance des petits gestes de bonté
Respect
Dre Cheryl Holmes
Ce matin, j'ai été amenée à réfléchir à un moment où quelqu'un avait fait preuve de gentillesse à mon égard.
Soft light green gradient
Headshot of Dr. Angela Cooper
Le pouvoir des rapprochements aide à faire la lumière sur la culture cachée de la médecine
Espaces Sûrs
Dre Angela Cooper
Récemment, j'ai donné une présentation intitulée « Why Wellness Interventions Don't Work » (Pourquoi les interventions en faveur du bien-être ne fonctionnent pas), afin de déterminer comment la culture médicale pouvait créer des obstacles au bien-être.
Soft light purple gradient
Tope là!
Compassion
Dr. Roger Wong
When was the last time you greeted someone with a high five? It is a gesture of compassion, a deeply humanistic act when we celebrate every success, big or small, with team members as we journey together towards a common goal.