Ce matin, j'ai été amenée à réfléchir à un moment où quelqu'un avait fait preuve de gentillesse à mon égard. J'ai d'abord pensé à une conversation que j'avais eue dans un couloir avec une collègue après avoir été critiquée par une autre, m'être sentie offensée et avoir été sur la défensive. Je n’ai pas souvenir de ses mots exacts, mais je me rappelle qu'elle m'a écoutée attentivement et m'a offert un point de vue auquel je n'avais pas pensé, à savoir que ces réactions découlent souvent d'un manque de compassion envers nous-mêmes. Elle a évoqué des moments où elle manquait de compassion envers elle-même et comment cela avait affecté ses interactions. Elle m'a recommandé le livre « Self-Compassion » de Kristin Neff. Dans cet ouvrage, l’autrice présente ses recherches empiriques sur l'autocompassion qu'elle oppose à l'estime de soi qui exige souvent le perfectionnisme et le besoin de se défendre. Il est particulièrement intéressant, et maintenant assez évident, que la pratique de l'autocompassion me permet d'être plus aimable dans mes interactions.
« Les choses qui interrompent mon travail, SONT mon travail »
Le secret, c'est de se rappeler d'être gentil. J'apprends à interpréter les sentiments de frustration comme un signe que je suis dépassée par les événements et comme un rappel de prendre soin de l'aidante en moi, en lui signalant une pause d'autocompassion. En cas d'oubli, les méditations guidées de Kristin sur l'autocompassion sont un bon moyen de me rappeler que je suis humaine et que je dois faire preuve de bienveillance envers moi-même.
En général, si je suis pressée, j'ai du mal à être aimable. Une personne d’une grande sagesse m'a dit un jour : « Les choses qui interrompent mon travail, SONT mon travail ». Pour la maniaque de l’organisation que je suis, réussir signifie parvenir à cocher des cases sur ma liste quotidienne de choses à faire. Une autre consultation, une autre réanimation, une autre admission, une autre dictée, un autre ensemble de médicaments ou de soins, un autre cathéter central - c'est fait. Les interruptions sont ennuyeuses. J'ai appris à les considérer comme des signaux qui me permettent de faire une pause d'autocompassion et d'exprimer une écoute et une gentillesse profondes à l'autre personne. Il est étonnant de constater à quel point ces interactions permettent de passer une journée beaucoup plus satisfaisante qu'en cochant simplement les tâches figurant sur ma liste de choses à faire.
Merci, Dre W. de m'avoir gentiment demandé comment j'allais, ce qui a eu sur moi un effet profond et a influencé ma croissance en tant que personne, médecin et leader. Merci, Dre IS., de m'avoir montré le pouvoir des interruptions qui me permettent de ralentir et de modifier ma perception des choses. Je remercie chacun d'entre vous, mon équipe, mes collègues et les étudiants qui continuent à faire preuve de patience, de compassion et de gentillesse. Ensemble, nous pouvons changer la culture de la médecine universitaire.