Lorsque je repense aux expériences que j'ai vécues au cours de ma formation médicale, il y a un moment que je garde précieusement en mémoire. En tant qu'étudiante en médecine à l'Université d'Ottawa dans la filière francophone au début des années 80 (oui, cela fait si longtemps), j'ai effectué un stage clinique mémorable en français avec un médecin de famille qui travaillait dans un cabinet regroupant plusieurs médecins à Hull, aujourd'hui appelée Gatineau, la ville jumelle d'Ottawa du côté du Québec.
“Je me suis immédiatement sentie accueillie et j'ai eu le sentiment de faire partie de l'équipe.”
Le premier jour, mon précepteur m'a accueillie en personne et m'a présentée à toute l'équipe de son cabinet, aux employés, aux infirmières et aux médecins, en utilisant mon nom complet. Je me suis immédiatement sentie accueillie et j'ai eu le sentiment de faire partie de l'équipe.
Il m'incluait dans toutes ses interactions avec les patients et, lorsque le moment était venu, me mettait au défi de procéder à l'anamnèse et à l'examen physique des patients sous une supervision appropriée. Il s'agissait notamment d'examens délicats tels que les frottis vaginaux. Il dialoguait avec ses patients d'une manière si efficace qu'ils comprenaient combien il était important de permettre à une étudiante d'apprendre.
Bien que ma langue maternelle soit le français, ma capacité à lui présenter des données médicales était assez limitée. Il s'est montré très patient et compréhensif avec moi tout en m'aidant à apprendre. Je me souviens d'avoir apprécié à quel point il se souciait de ma formation et veillait à ce que je tire le meilleur parti de toutes mes interactions avec les patients.
Je me souviens d’une fois où il est venu me voir avec une brochure qu'il venait de recevoir sur une nouvelle maladie liée à l'augmentation de l'incidence de la pneumonie à Pneumocystis et du sarcome de Kaposi chez les jeunes hommes. Nous savons aujourd'hui que ces maladies sont le résultat de l'infection par le VIH, mais à l'époque, il voulait s'assurer que j'apprenne ce nouveau phénomène avec lui, en tant que jeune collègue.
Ce médecin de famille qui a été mon précepteur a exercé sur moi une influence considérable. Il m'a appris à être une clinicienne attentionnée et m'a également montré comment se soucier de chaque membre de l'équipe de soins et les respecter en tant qu'égaux, y compris les apprenants. Je me suis sentie responsabilisée, pleine d'espoir et j'ai eu l'impression d'appartenir à son équipe et à la profession dans son ensemble. Son influence a été telle que j'ai essayé de reproduire ce comportement dans mes activités cliniques et éducatives, en d'autres termes, de faire preuve de gentillesse, de compassion et de bienveillance à l'égard de tous.